La réalité
L’une des idées suivantes ne vous a-t-elle jamais traversé l’esprit ?
- Les traducteurs sont ces personnes que vous voyez à la télévision murmurer aux oreilles des présidents ou chefs d’entreprise.
- La traduction n’est pas un vrai métier, n’importe qui peut le faire.
- Si vous parlez deux langues ou plus, vous pouvez traduire.
- Nous n’avons plus besoin de traducteurs, nous avons Google Traduction ou d’autres applis pour faire le travail.
- Les traducteurs travaillent tous de et vers leur langue maternelle — en d’autres mots, ils traduisent dans les deux sens.
- Les traducteurs parlent une multitude de langues.
- Les traducteurs peuvent traduire à peu près tout dans leur langue.
- Les traducteurs ne traduisent que des livres, pas vrai ?
- Toute traduction est acceptable du moment qu’elle est à peu près compréhensible.
Si vous avez eu l’une ou l’autre de ces pensées, vous n’êtes pas seuls. La traduction est un métier fascinant qui existe depuis des millénaires, mais qui est souvent incompris. Poursuivez votre lecture pour avoir un aperçu exclusif des coulisses de la traduction et être l’un des premiers à démystifier la profession !
Traduit par
Nicole Lawson | Anne de Rochefort-Carnot | Isabel Taveira | Édith F. Koumtoudji | Isabelle Meschi | Bella Nazaire | Eder Jonathan Tchouela | Brice Kouakap Ndjeutcham
Dans la tête d’un traducteur
Si vous entrez dans la tête d’un traducteur, il y a un nombre de choses que vous remarquerez chaque fois, quels que soient l’âge, la nationalité ou la culture.
Tout d’abord, nous sommes des amoureux des langues et maîtrisons au moins une langue étrangère — parfois, même plusieurs. Nous aimons tout simplement l’écriture et la communication et sommes fiers de manier les mots — nous sommes des personnes qui élaborons des documents et des feuilles de données, des contenus et des copies, des messages et plus, en utilisant les mots comme outils.
Contrairement aux interprètes qui travaillent à haute voix, notre silence n’est interrompu que par les touches de notre clavier et le ronronnement de nos pensées.
Ayant été exposés au minimum à deux cultures différentes, nous sommes également ouverts d’esprit, nous savons qu’il y a toujours plus d’une façon d’envisager les choses.
Imaginez-nous comme des chasseurs d’information. Notre curiosité est sans limites, nous sommes de fervents lecteurs, nous adorons faire des recherches sur nos textes et apprendre en traduisant. Sans aucun doute, le genre de personnes que vous aimeriez avoir dans votre équipe lors de vos parties de Trivial Pursuit. Et, souvent, nous sommes également spécialistes dans certains domaines choisis.
Nous sommes en outre des perfectionnistes et apportons une attention toute particulière aux détails. C’est un véritable atout dans notre travail, même si nous avons parfois du mal à ranger notre casquette de traducteur.
Ce que, bien sûr, vous savez si vous avez déjà lu un menu de restaurant ou regardé un film sous-titré en compagnie d’un traducteur ; vous aurez remarqué comment nous nous penchons tout de suite sur la moindre erreur. Nous pensons que cela fait partie de notre charme. Vous serez peut-être d’un avis différent, mais c’est indissociable de ce que nous sommes !
Derrière les mots
Alors, que faisons-nous une fois au travail ?
Commençons par quelques éléments de contexte (les traducteurs vous diront toujours que tout est une question de contexte !).
À travers le monde, les gens communiquent pour différentes raisons : pour vendre, promouvoir, instruire, informer, partager, raconter des histoires ou être source d’inspiration.
Si leur message reste dans leur propre langue ou culture, sa portée sera limitée. En faisant intervenir un traducteur, ce message peut briser des frontières, transcender des différences et construire des passerelles.
Notre travail consiste à créer des liens entre auteurs et lecteurs.
C’est là que nos compétences entrent en jeu, au-delà du « simple » fait d’être doués pour les langues.
Il s’agit d’insuffler une nouvelle vie aux textes dans une autre langue.
Chaque jour, des traducteurs partout dans le monde peuvent être occupés à traduire un communiqué de presse pour une ONG, des normes pour une nouvelle application géniale, le brevet pour une machine à remonter le temps, l’histoire des filles d’Harry Potter, les sous-titres en mongol de Star Wars X, le catalogue des pièces détachées de votre lave-vaisselle, une brochure pour un hôtel touristique sur la Lune, une interview avec Angelina Jolie pour un festival de cinéma, des documents essentiels pour la fabrication de masques pour lutter contre des pandémies, ou le contrat d’un joueur de football international qui déménage dans un nouveau pays.
En résumé, les textes sur lesquels nous travaillons couvrent tout l’éventail de l’existence humaine...
Mais pour réaliser ce travail, il ne nous suffit pas d’écrire leurs mots dans notre langue. Cela fonctionnerait peut-être avec de simples listes de pays ou d’objets, mais n’importe quel texte plus complexe devient un organisme vivant. Il doit être minutieusement transformé en un texte qui semblera naturel à ses lecteurs. Au-delà des mots, il nous faut penser en phrases, paragraphes, ensembles d’idées, et trouver si nécessaire de nouveaux titres, une nouvelle organisation, de nouvelles formulations.
Il nous faudra peut-être démanteler, faire des recherches, reconstruire, réécrire et adapter en fonction de notre culture.
En d’autres termes, il s’agit de créer un texte qui semble avoir été écrit par quelqu’un qui parle notre langue et pour ceux qui lisent cette langue.
Ce n’est qu’à ce moment-là que les lecteurs seront capables de s’identifier au texte, et que le message sera compris.
En tant que traducteurs, notre vocation est d’exercer notre art et de disparaître ensuite sans laisser de traces de notre présence.
Parlons tech
Bien entendu, l’expansion de la technologie influe sur l’industrie de la traduction tout comme sur tout autre secteur du 21e siècle. L’époque où nous recevions des documents par la poste et devions taper nos textes à la machine avant de les corriger à l’aide d’un correcteur liquide est révolue.
Aujourd’hui, les traducteurs sont calés en technologie et savent comment tirer le meilleur parti de leurs ordinateurs afin de traduire rapidement, efficacement et fidèlement.
Nous envoyons et recevons nos textes par courriel et Internet est absolument essentiel à notre travail de recherche.
Depuis plus de vingt ans, les traducteurs utilisent fréquemment des logiciels de traduction assistée par ordinateur (TAO) pour diviser et organiser leurs textes, stocker des mémoires de traduction constituées de simples mots et même de phrases entières.
Vous avez tous entendu parler de Google Traduction (GT) et vous savez sans doute que cet outil peut être terriblement mauvais. Et pourtant, il représente en même temps une sorte de miracle. Si vous êtes une grand-mère hongroise et communiquez avec votre petite-fille irlandaise, alors GT peut vous être utile et vous permettre de comprendre l’essentiel du message. Pour les traducteurs aussi, la traduction automatique (TA) peut contribuer à réduire la charge de travail ; elle avale les textes et les produits sous une forme quelconque, la qualité dépendant du type de texte. C’est généralement à ce niveau que le travail du traducteur commence : rendre fluide le texte produit par le logiciel de TA et lui donner du style, ce qu’on appelle « post-édition » au sein de la profession.
Grâce à cette nouvelle synergie entre l’être humain et l’ordinateur, on peut traduire toujours plus de contenu, et ce, plus rapidement que jamais.
Et pourtant, nombreux sont les traducteurs qui boudent la traduction automatique, car selon eux, elle crée plus de problèmes qu’elle n’apporte de solutions. Tout dépend du texte, du sujet, de la combinaison linguistique et du logiciel utilisé. Pour la traduction créative (ou transcréation), le marketing ou encore la littérature, la traduction automatique n’a toujours pas de grande utilité.
En dehors de cela, nous pouvons être amenés à utiliser des logiciels pour organiser nos sous-titres, lire nos traductions à voix haute (conversion de texte en paroles), vérifier la grammaire et l’orthographe, mettre des documents en page en vue d’une publication assistée par ordinateur, gérer notre base de données clients et nos ventes, organiser notre charge de travail et nous occuper de nos factures.
En d’autres termes, la technologie est pour nous une amie, pas une ennemie. Elle accroît notre productivité, et donc nos revenus, mais pour le moment, son rôle reste bien circonscrit. Pour faire court, nous ne cauchemardons pas la nuit en redoutant le jour où nous serons remplacés par des robots...
Notre travail au quotidien
Si vous demandez à un traducteur ce dont il a besoin pour travailler, vous obtiendrez les réponses suivantes : un ordinateur doté de toutes les différentes technologies mentionnées plus haut. Peut-être quelques livres papier. Des litres de café ou de thé. Enfin, certains ajouteront un chat ou un chien en option.
Il s’agit d’une profession de solitaires. Ce qui convient parfaitement à la plupart d’entre nous. Notre palette de caractères va de l’introversion à l’extraversion, et comprend toutes les nuances intermédiaires, mais les mots et la façon dont nous pouvons les faire jongler entre eux sont notre véritable passion.
Quand il s’agit des langues les plus populaires (espagnol, français, allemand, japonais, etc.), la plupart d’entre nous traduisent uniquement vers leur langue maternelle, car notre connaissance de la langue étrangère, bien qu’excellente, est rarement parfaite. Dans le cas d’autres langues comme le vietnamien, le hongrois, le hausa (Nigéria), le tagalog (Philippines) ou le quechua (Pérou), les traducteurs locaux travaillent dans les deux sens.
Nous travaillons avec des agences de traduction ou directement avec nos clients. Quoi qu’il en soit, tout commence avec un texte. Les documents peuvent prendre différentes formes et tailles allant du slogan en 3 mots aux dissertations de 100 000 mots.
Bien entendu, il faut que chaque texte concerne un domaine suffisamment familier pour nous permettre d’accepter la tâche sans malaise. Peu de traducteurs médicaux accepteront un texte juridique, et vice-versa. Il existe des traducteurs techniques, scientifiques, créatifs, artistiques, littéraires et académiques, pour ne citer que quelques catégories. Chacun de nous gravite autour de certains domaines.
Nous ouvrons le document, le parcourons et faisons des recherches avant de commencer notre travail placé sous le signe de l’amour qui consiste à transmettre des idées dans une langue qui parle toujours clairement et naturellement et qui, parfois, chante.
Ensuite, nous traitons le texte, vérifions, révisons, vérifions de nouveau, posant des questions aux clients et apportant la dernière touche au produit fini. C’est un travail minutieux, mais ce qui quitte notre bureau se doit d’être parfait. C’est en tout cas l’objectif de tout professionnel qui se respecte, bien que l’omniprésence de traductions médiocres de par le monde puisse suggérer qu’un tel degré de perfectionnisme ne fasse pas toujours partie du contrat !
En même temps, en tant que travailleurs indépendants et chefs d’entreprises de petite taille, il nous faut être préparés à tout. Toute une variété de textes peut arriver à tout moment, et parfois par lots, de nos différents clients, chacun avec une date de livraison différente des autres, et parfois avec des fuseaux horaires distincts.
Nous pouvons travailler à des rythmes différents, mais chacun de nous doit savoir quel volume de travail il peut traiter en une heure ou en un jour.
Nous sommes des experts jongleurs, dans bien des sens du terme.
Et deux journées ne sont vraiment pas pareilles.
L’endroit, le lieu, le décor
L’un des avantages à être traducteur au 21e siècle, c’est de pouvoir travailler où nous voulons.
Pour plusieurs d’entre nous, cela signifie un bureau à domicile, mais avec des règles strictes sur qui peut y entrer et quand ! Qu’il s’agisse d’un coin, d’une pièce ou d’un espace dédié, c’est là que nous gardons nos ordinateurs, imprimantes et ouvrages de référence.
Pour un travail qui demande une grande concentration, cet espace est vital.
Certains pourraient préférer louer un bureau afin de distinguer le lieu de travail de la maison, ou choisir de rejoindre un espace commun de travail pour le contact avec d’autres et les occasions de réseautage.
Quelle que soit la configuration choisie, la technologie aujourd’hui nous permet également de travailler à partir d’un café ou d’un parc. Et, il y a ceux qui sont des nomades numériques, allant d’un pays à un autre, tout en restant en contact permanent avec leurs clients.
Il y a un sentiment de liberté qui repose au cœur de ce métier.
Tout ce dont vous avez besoin, c’est de votre ordinateur, d’un accès à Internet et du pouvoir de votre pensée.
Un effort humain
Pour qui travaillons-nous ? Presque tout le monde est un potentiel client : qu’il s’agisse des gouvernements, des ONG internationales, des entreprises, des universitaires, des musées, des chercheurs, des services de marketing, des laboratoires et des entreprises de jeux ou des particuliers qui cherchent à faire traduire un certificat d’immigration ou les paroles d’une chanson qu’ils ont écrite.
Ils ont un produit ou un service à vendre, un message à communiquer ou une procédure à accomplir, et ils en ont besoin dans une langue étrangère.
De plus, ils se rendent compte qu’en confiant cette tâche à un professionnel, celui-ci y ajoute de l’autorité, de la clarté, de l’effet et surtout de la qualité — ce qui est loin des versions mécaniques proposées par Google Traduction et de tout autre système de traduction automatique.
Ils nous trouvent grâce aux recherches en ligne, sur des plateformes ou sur nos sites Web, grâce aux réseaux sociaux, au bouche à oreille ou par recommandation personnelle.
Des millions de clients dans le monde entier. Des milliards de mots.
Des humains qui parlent à d’autres humains, en utilisant des mots traduits par des humains.
Raison d'être
Pour conclure notre petite visite, posons-nous une question simple : pourquoi faisons-nous ce que nous faisons ?
Il y a autant de réponses que de traducteurs.
Certains y voient une vocation à construire des ponts, une possibilité de changer le monde, une phrase à la fois.
D’autres encore considèrent la traduction comme un travail qui permet de payer les factures.
Mais presque tout le monde est ravi de pouvoir gagner sa vie grâce à un talent pour les langues et un don pour les mots, en faisant un travail qui est une source inépuisable de variété, de fascination et d’apprentissage.
Revenez maintenant sur les idées que vous avez pu avoir sur les traducteurs au début de cette publication. Si vous vous sentez maintenant plus éclairés, notre travail est accompli !
Écrit par
Andrew Morris | Nathalie G. Reis | Tanya R. Quintieri | Norhan Mohamed | Cristina Tormen | Kay-Viktor Stegemann | Suzie Withers | Kornelia Schneider | Retno W Munro | Silvia Benetollo | Miray Filiz | Lilit Khiat | Kornelia Robertson | Patricia Fierro | Valery Naumova | Edel Ring | Cathy Rosamond | Anikó Pető-Mordovski | Gordana Petrovska | Susanne Koll | Lucía LO | Isabelle Meschi | Tsugumi Kozuma | Richard Mort | Ilse Heyrmann
Translations
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